L'orgue de cristal

Au bout de la rue, voyage dans les dunes du Sahara. Non, non, je vais bien, rassurez-vous. Hier soir, dans les jardins du Château, des morceaux exécutés sur un orgue de cristal. Les sons résonnent, se répercutent entre les murs de l'édifice, nous sommes au-dessus des lumières de la ville. Les yeux fermés,  nous vibrons sur des notes qui pour moi évoquent la force de la plume de Lovecraft qui par touches allusives arrive à nous transporter dans des paysages envoûtants.

LE CRISTAL BASCHET instrument réalisé par Bernard BASCHET photo Mark Bachschmidt

Exploité dans les laboratoires au 18e siècle, les principes de l'archet de verre et de la tige encastrée dans une plaque lourde en métal, jamais employés jusque-là pour réaliser un instrument de musique, furent repris en 1952 par Bernard et François BASCHET, inventeurs par ailleurs de la guitare gonflable et d'un instrumentarium pédagogique.

Le cristal Baschet est formé de 54 tiges de verre accordées chromatiquement, frottées par les doigts mouillés. Il est, en ce sens, assez proche du glassharmonica. Mais ici, la vibration du verre est transmise à la plaque lourde par une tige en métal de longueur variable qui détermine ainsi la fréquence (la note). L'amplification se fait au moyen de cônes en fibre de verre sur bois et d'une plaque métallique découpée, en forme de flamme, de grande taille. Des "moustaches" placées sous l'instrument, à droite, augmentent la puissance sonore dans les aigus.

Né en même temps que la musique concrète (Pierre SCHAEFFER, Pierre HENRY...), les premiers synthétiseurs (MOOG...) et la musique électro acoustique, le cristal en est un parent totalement acoustique, sans amplification électrique. L'ambition des frères BASCHET était en effet de se rapprocher de ces sonorités qui venaient de naître au début des années 1950.