Du métier de céramiste à Spinoza
Frisette est céramiste. C'est un très beau métier. Mais il faut connaître les aléas de cette profession. Frisette donc, doit aller acheter la terre, 400 kg. Pour les charger dans la camionnette, pas de problèmes, le fournisseur dispose du matériel idoine. Arrivée devant sa boutique, Frisette doit décharger cette terre et l'entreposer dans sa cave (c'est vrai, elle est musclée, nan, pas la cave !). La partie création et fabrication représente le moment exaltant, malgré la fatigue liée à la position assise lorsque Frisette tourne la boule de terre qu'il faut faire monter, puis transformer, façonner (z'avez déjà essayé vous ? Pas facile du tout, du tout... mais très sensuel, huhu !). Ensuite viennent les angoisses à l'ouverture du four : quel est le résultat, y-a-t-il de la casse ? Frisette souhaite exposer sur un marché potier ? Qu'à cela ne tienne : il lui faut postuler, attendre la confirmation, et payer, ben oui. Puis remplir avec une minutie quasi-mathématique (Frisette est ingénieur en entassement) son camion de ses diverses et fort belles réalisations préalablement délicatement fourrées de journal, emballées dans du papier bulle, y ajouter le stand désossé. Après parfois de longues heures de conduite, sur le site, sortir le stand, le monter, sortir les poteries, les déballer, les mettre en scène sur le stand. Attendre le chaland. Avec la conjoncture actuelle, le temps lui semble quelquefois long.
Vous qui déambulez entre les stands des marchés d'artisans, pensez au travail fourni par les exposants avant de dire : c'est cher !
L'empathie est l'huile qui fait tourner les rouages du monde en douceur (bon, suis pas Heidegger ou Spinoza, hein !).
Si vous êtes sages, vous aurez le droit de vous rincer l'oeil, oui oui, les photos arrivent !