Mer étale, sillage...
Des baisers gravés sur la bouche, des visions bousculant l'esprit, le corps empreint de gestes... Et là, mes mains, taraudées par le souvenir, caressant l'absent. L'absence, que je redoute tant, m'y voilà plongée, la respiration oppressée, la vie suspendue à l'attente...
Une fois de plus, malgré ma fragilité ceinte d'un impénétrable rempart, la digue à cédé, j'ai succombé au chant des sirènes. Le marin paisible, devenu pirate, a réussi l'abordage, à m'aborder et me prendre, à éclater ma bulle, petit batiscaphe.
Et maintenant ? Il me faut naviguer sans boussole, maintenir un cap voilé par les brumes, destination inconnue, peut-être barrer de ma mémoire un joli conte, histoire à peine ébauchée, déjà avariée. Touchée en plein coeur, l'abandon, déjà, me cisaille.
Ma factice sérénité battue en brèche par des envies -en vie- tenaces auxquelles je me refusais dans l'espoir de me préserver d'un attachement qui souvent se mue en cruelle désillusion.
Auteur inconnu
Le baiser de Rodin